Le Canada ne peut pas compter éternellement sur les largesses des États-Unis : MEC

Avant de rejoindre la Coalition pour un avenir meilleur, Dennis Darby, chef de la direction et président de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, explique qu'il « se sentait seul à faire valoir que notre productivité était en baisse, que nous accusons du retard sur nos concurrents ».

S'attaquer au retard de productivité du Canada est un enjeu crucial pour MEC. Par rapport à d'autres pays de l'OCDE, en particulier les États-Unis, le Canada remplace ses équipements, adopte des technologies et forme sa main-d'œuvre à un rythme beaucoup plus lent, ce qui se traduit par des biens plus chers pour les Canadiens.

« Nous avons compté sur un dollar canadien bon marché et sur la forte demande des États-Unis pour maintenir notre industrie en activité », a déclaré M. Darby au cours d'une entrevue. Il ajoute que pendant au moins une décennie, le Canada n'a pas mené de réflexion sur la façon de devenir compétitif au niveau mondial. « C'est là que la Coalition est intervenue. Vous reconnaissez comme moi que le Canada doit vraiment améliorer sa stratégie s'il veut gagner ; vous ne pouvez pas compter éternellement sur les largesses des États-Unis ».

Depuis sa création en 1871, MEC s'est donné pour objectif de favoriser la croissance et la compétitivité des entreprises établies au Canada. Aujourd'hui, l'organisme représente plus de 2 500 membres et 1,8 million d'employés issus de divers secteurs, notamment les cosmétiques, le pétrole et le gaz, l'alimentation et l'énergie nucléaire. Darby affirme : « Nous avons un peu de tout à MEC ».

« C'est là que la Coalition est intervenue. Vous reconnaissez comme moi que le Canada doit vraiment améliorer sa stratégie s'il veut gagner ; vous ne pouvez pas compter éternellement sur les largesses des États-Unis ».

Dennis Darby, chef de la direction et président de Manufacturiers et Exportateurs du Canada

Auprès de tous les paliers gouvernementaux, MEC plaide en faveur de lois et de réglementations visant à soutenir les fabricants et les exportateurs canadiens qui, selon M. Darby, sont comme des « canaris dans la mine de charbon » dans une industrie non protégée qui est « entièrement exposée au commerce ». 

MEC donne à ses membres une longueur d'avance en proposant des programmes de formation et d'éducation en matière de productivité, de logistique d'exportation, de main-d'œuvre, de compétences, d'automatisation et d'équité entre les genres. L'organisation d'événements de réseautage est une autre facette de la démarche pour inciter les entreprises du pays à collaborer sur un marché mondial « très difficile », selon M. Darby. 

MEC s'investit à résoudre les problèmes de productivité du Canada. Selon M. Darby, la clé réside dans l'élaboration d'une stratégie industrielle claire, comme celle décrite dans le rapport de novembre 2023 du groupe intitulé Manufacturing Canada's Future, qui définit « ce que nous voulons être quand nous serons grands [et] la place que nous voulons occuper dans le monde ».

La création d'un environnement propice à l'investissement est essentielle pour améliorer les perspectives économiques du Canada, affirme M. Darby, qui ajoute que l'amélioration de l'année dernière a été « très épisodique ».

M. Darby attribue notre retard au système fiscal et réglementaire « très complexe et très considérable » du Canada. Selon lui, il est plus facile pour les entreprises d'investir aux États-Unis en raison de l'efficacité et de l'exhaustivité de leur système réglementaire, en particulier de leurs politiques environnementales.

« Lorsque je vois notre productivité, qui est un indicateur de notre prospérité, reculer par rapport aux États-Unis, cela signifie simplement que nous ne sommes pas aussi riches et que nous ne nous débrouillons pas aussi bien que nous le devrions. Nous devons changer.

L'engagement du Canada à lutter contre les changements climatiques et à accroître la biodiversité est essentiel pour innover et améliorer la productivité. M. Darby envisage le Canada comme un leader dans le domaine de la capture du carbone, de l'énergie verte et de la carboneutralité, mais pour y parvenir, il est essentiel d'équilibrer les incitations et les taxes.


Nous avons besoin de croissance économique. C'est ainsi que nous finançons nos écoles. C'est ainsi que nous nous assurons que les communautés sont solides, que les gens ont suffisamment d'argent pour investir, pour épargner, pour s'instruire.

Dennis Darby, chef de la direction et président de Manufacturiers et Exportateurs du Canada


“La plupart des entreprises n'ont aucune idée de la manière de parvenir à une consommation carboneutre. La grande majorité des fabricants au Canada n'ont pas de plan. Ils attendent que quelqu'un vienne leur dire ce qu'ils doivent entreprendre de faire”. La tendance est donc à la traîne ». 

La croissance de l'industrie améliorera la prospérité de tous les Canadiens, et plutôt que de créer des obstacles, le gouvernement doit cesser de faire obstacle et entreprendre plutôt de faciliter l'investissement des entreprises, fait valoir M. Darby.

« Il s'impose que tout le monde commence à aller de l'avant, sinon nous aurons un secteur industriel qui déclinera progressivement en taille, ce qui diminuera notre productivité, et donc notre prospérité.

M. Darby attribue le manque relatif d'investissements étrangers au Canada à l'examen de l'ACEUM en 2026 et à l'incertitude suscitée par les prochaines élections présidentielles, qui auront un « impact énorme sur le secteur manufacturier ».

Bien que les États-Unis aient quelques « problématiques majeures chroniques » avec les accords commerciaux canadiens, c'est au Canada de s'assurer que les États-Unis considèrent les fabricants canadiens comme « le meilleur endroit pour simplifier leur chaîne d'approvisionnement », fait valoir M. Darby, soulignant qu'il est dans l'intérêt du Canada, des États-Unis et du Mexique de travailler ensemble dans le domaine du commerce afin de créer potentiellement l'un des « blocs les plus solides au monde ».

À propos de l'avenir de l'économie canadienne et au rôle de la défense des intérêts de MEC, M. Darby se tourne vers les 1,8 million de travailleurs de l'industrie. « Aucun fabricant, aucune entreprise ne veut voir ses employés en difficulté et incapables de soutenir la cadence. Nous avons besoin de croissance économique. C'est ainsi que nous finançons nos écoles. C'est ainsi que nous nous assurons que les communautés sont solides, que les gens ont suffisamment d'argent pour investir, pour épargner, pour s'instruire. »

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