Morosité économique : le recul du PIB par habitant au Canada suscite des inquiétudes quant à la croissance future

Anne McLellan et Lisa Raitt

L'économie canadienne a franchi une étape regrettable cet été.

Statistique Canada a publié cette semaine des données qui indiquent non seulement un nouveau trimestre de croissance faible, mais aussi une sixième baisse consécutive du revenu national par habitant.

Il s'agit de la plus longue période de résultats trimestriels négatifs par habitant jamais enregistrée depuis 1946. Le record a été établi lors de la récession de 1981-1982, qui a été la plus forte contraction depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'à l'arrêt de la pandémie.

Cette étape sombre mettra davantage en lumière nos piètres performances par habitant, qui indiquent que notre croissance économique n'a pas été en mesure de suivre l'augmentation de la population au cours des dernières années.  

Le gouvernement fédéral s'est engagé à réduire les migrations internationales afin de remédier à l'incapacité de notre économie à absorber une croissance démographique insoutenable. 

L'étape suivante consisterait à tout mettre en œuvre pour améliorer le numérateur de l'équation du PIB par habitant, en d'autres termes, la taille réelle de l'économie. Ce sera un plus grand défi et toutes les parties doivent prendre plus au sérieux la tâche d'accélérer notre croissance économique.

Les chiffres sont de mauvais augure.

Le Canada traverse une des périodes de croissance les plus faibles de son histoire, en dehors des récessions. Les données publiées vendredi montrent que notre économie a progressé à un rythme annualisé d'environ 1 % entre juillet et septembre, ce qui correspond à peu près à la moyenne des six derniers trimestres.

Il n'y a pas si longtemps, nous nous inquiétions de notre incapacité à faire croître l'économie canadienne de plus de 2 %.

Pire encore, cette croissance anémique inclut le fort vent arrière de la croissance massive de la population - ces étudiants étrangers dépensent des milliards de dollars dans l'économie - ce qui indique que la force de l'économie est encore pire que ce qui est reflété dans le taux de croissance de 1 %. La barre est basse, n'est-ce pas?

Cette faiblesse sous-jacente apparaît plus clairement dans la mesure du PIB par habitant, qui signale une récession. Cet indicateur a diminué de plus de 3 % depuis le début de l'année 2023, soit un peu moins que ce que l'on observe lors d'un ralentissement économique majeur.

Alors, comment accélérer la croissance de l'économie?

À cet égard, nous pouvons tirer des leçons de l'expérience récente en matière de croissance démographique : il n'y a pas de solutions faciles. L'arrivée de centaines de milliers de travailleurs étrangers non résidents a peut-être contribué à augmenter les dépenses, mais elle a créé des problèmes ailleurs, en particulier sur le marché du logement. Ce n'était tout simplement pas viable. 

Il en va de même pour les autres solutions « faciles », qu'il s'agisse de l'endettement (des ménages et des gouvernements) ou de l'affaiblissement de la monnaie. L'augmentation de notre productivité est le seul moyen sûr de faire croître notre économie de manière durable et de permettre aux Canadiens de bénéficier d'une augmentation généralisée et durable de leurs revenus. Il n'y a vraiment pas de substitut.

Et pour résoudre le casse-tête de la productivité, il faut d'abord créer un environnement plus propice à l'investissement. Cela doit être une priorité.

En terminant, voici la statistique la plus sombre en matière de données sur le PIB. Les investissements non résidentiels des entreprises ont chuté à un rythme annualisé de 11 % au troisième trimestre et restent inférieurs aux niveaux d'avant la pandémie. Un changement s'impose

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