Un tournant pour l'économie - mais cela suffira-t-il?
Anne McLellan et Lisa Raitt
Depuis plus d'un an, on s'attend de plus en plus à ce que l'économie canadienne connaisse des jours meilleurs. Les avancées récentes permettent de croire que cette amélioration promise depuis longtemps pourrait enfin se concrétiser, ce qui nous laisse envisager l'avenir avec plus d'optimisme.
L'inflation est tombée à son niveau le plus bas depuis plus de trois ans et la Banque du Canada entame ce qui semble être un cycle agressif de réduction des taux d'intérêt. Ces mesures devraient apporter un soulagement bienvenu à une économie atone et aux ménages lourdement endettés du pays.
L'« atterrissage en douceur » tant attendu - où l'inflation est maîtrisée sans déclencher de récession majeure - semble toujours à portée de main.
Toutefois, comme l'a récemment souligné le gouverneur de la Banque du Canada, M. Tiff Macklem, la voie à suivre reste incertaine. Si les premiers signes sont prometteurs, des défis économiques majeurs subsistent, et il n'est pas certain que cette reprise produise la croissance soutenue nécessaire pour relancer pleinement l'économie.
Pour que l'économie canadienne connaisse une croissance soutenue à long terme, nous devons nous concentrer sur les changements structurels qui permettront de construire un avenir plus inclusif et plus résilient.
Malgré des signaux positifs en matière d'inflation, la croissance économique reste stagnante. Depuis avril, les données mensuelles du PIB indiquent que l'économie a largement stagné. Plus préoccupant encore, le marché du travail semble s'affaiblir, avec une hausse du chômage et un ralentissement des gains d'emploi.
Plus tôt cette année, le marché de l'emploi se maintenait à un niveau élevé, malgré la faiblesse générale de l'économie. Le Canada a créé plus de 400 000 emplois en 2023 et près de 200 000 de plus au cours des cinq premiers mois de 2024. Mais depuis mai, la croissance de l'emploi a considérablement ralenti, avec seulement 18 000 emplois nets créés - une tendance préoccupante compte tenu du rythme de la croissance démographique.
Les jeunes travailleurs et les récents immigrants ont été les plus durement touchés. À titre d'exemple, tandis que le taux de chômage des travailleurs nés au Canada et âgés de 25 à 54 ans n'a que légèrement augmenté pour atteindre 4,4 %, le taux de chômage des jeunes immigrants a bondi à plus de 20 %, soit une augmentation de près de 10 points de pourcentage depuis la fin de l'année 2022.
À ce jour, les employeurs n'ont pas eu recours à des licenciements massifs et les salaires continuent d'augmenter au-delà de l'inflation. Toutefois, compte tenu de la croissance rapide de la population et de l'atonie de la demande de main-d'œuvre, la situation pourrait devenir plus difficile si les conditions du marché du travail ne s'améliorent pas.
Si la baisse de l'inflation et des taux d'intérêt est une bonne chose, les difficultés auxquelles nous faisons face sur le marché du travail nous rappellent qu'un meilleur environnement macroéconomique ne suffit pas à résoudre les problèmes structurels plus profonds qui continuent de peser sur l'économie canadienne. Les coûts d'emprunt élevés et la faible demande des consommateurs ont exacerbé les défis, mais les problèmes de longue date - tels que la pénurie de logements abordables, une réglementation plus judicieuse et la nécessité d'accroître les investissements du secteur privé - restent cruciaux.
La Coalition pour un avenir meilleur estime que l'amélioration durable du niveau de vie et des salaires passe par le renforcement de la capacité de production du Canada. Cela nécessitera des politiques judicieuses qui susciteront des investissements du secteur privé, soutiendront une croissance durable et relèveront certains défis structurels tels que le logement et la transition climatique.
Aussi positive que puisse être la baisse des taux d'intérêt à court terme, elle ne sera pas le nécessaire remède miracle qui saura surmonter ces défis plus profonds. Pour que l'économie canadienne connaisse une croissance soutenue à long terme, nous devons nous concentrer sur les changements structurels qui permettront de construire un avenir plus inclusif et plus résilient.