Un enjeu d'équilibre : naviguer entre baisses des taux d'intérêt et croissance économique au Canada

Anne McLellan et Lisa Raitt

Dans les semaines et les mois à venir, la Banque du Canada devrait poursuivre son cycle de réduction des taux d'intérêt, ce qui apportera un soulagement bien accueilli à notre économie.

En juin, les décideurs de la banque centrale, sous la direction du gouverneur Tiff Macklem, ont réduit leur principal taux directeur d'un quart de point de pourcentage pour le ramener à 4,75 %, au vu des preuves persistantes de la baisse de l'inflation.

Les économistes prévoient une nouvelle baisse du principal taux directeur dès le mois de juillet.

L'inflation s'est maintenue sous 3 % au cours de chaque mois de l'année 2024, après avoir atteint une moyenne de 3,9 % l'année dernière. Si la tendance se maintient, cela donnera aux responsables politiques une plus grande marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire.

La possibilité d'une baisse de l'inflation et des taux d'intérêt est une excellente nouvelle. Toutefois, la détérioration de l'environnement macroéconomique au cours des trois dernières années a pesé lourdement sur les ménages et les entreprises, entravant notre capacité à générer une croissance inclusive et durable.

Les coûts d'emprunt et les prix à la consommation élevés ont entraîné une hausse du taux de pauvreté et une baisse des revenus réels. Les jeunes familles et les personnes à faible revenu ont été durement touchées par l'augmentation du coût de la vie et du coût du crédit.

Selon les dernières données sur les revenus relevées par Statistique Canada, le revenu médian après impôt des ménages canadiens a baissé de 3,4 % en 2022, et le taux de pauvreté a augmenté de 2,5 points de pourcentage pour atteindre 9,9 %.

La détérioration de la situation financière des ménages a ralenti la demande de biens et de services, ce qui constitue un autre obstacle majeur pour les entreprises.

Nous avons bonne foi que la Banque du Canada fera ce qui s'impose. Il est fondamental de mettre en place une politique macroéconomique adéquate. Le cadre idéal pour les investissements des entreprises est celui où les politiques permettent d'obtenir une inflation faible et stable. Il est important que les responsables des politiques donnent à la banque centrale la possibilité de faire son travail.

Mais nous devons aussi être réalistes. La baisse des taux ne résoudra pas les problèmes de fond auxquels est confrontée une économie qui stagne dans une ornière de croissance lente. Nous nous attaquons avant tout à des problèmes économiques structurels, notamment la pénurie chronique de logements abordables. Rendre l'endettement moins coûteux pour les Canadiens, qui font déjà partie des ménages les plus endettés au monde, ne sera pas une panacée.

La Coalition estime que le seul moyen d'améliorer de manière durable le niveau de vie et les salaires réels des travailleurs est d'accroître notre capacité de production, en partie grâce à des politiques judicieuses qui sauront stimuler l'investissement du secteur privé.

Nous continuons toutefois de constater l'absence de débat sérieux sur les solutions à apporter à des enjeux économiques plus profonds, qu'il s'agisse d'une politique climatique judicieuse qui ne compromette pas notre capacité de stimuler l'économie ou d'une fiscalité qui ne freine pas l'enthousiasme des investisseurs.

Previous
Previous

Un tournant pour l'économie - mais cela suffira-t-il?

Next
Next

L'augmentation de la population dans les régions rurales du Canada met en évidence les problèmes d'accessibilité des villes